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Jour 14 à 15 – km 750 à 880

Notre 13e journée, nous l’avons passée à déambuler dans les rues d’Avignon. Nous nous sommes tout d’abord rendus sur le fameux Pont d’Avignon, qui en réalité s’appelle le Pont Saint-Bénézet et sur lequel personne ne danse (eh oui les filles, un mythe s’effondre!). Par contre, nous redescendons de la dernière arche, admiratifs du travail colossal que la construction a demandé.

Puis nous passons devant le Palais des Papes et montons admirer la ville depuis le jardin des Doms qui la surplombe. L’ambiance de cette ville, la jovialité de ses habitants et la beauté de ses bâtiments nous charment et nous laissons les filles décider des directions à prendre sur les vélos pour découvrir chaque recoin de cette citadelle.

 Le lendemain matin, c’est reposé et ressourcé que nous prenons le chemin de Beaucaire, dernière étape avant la mer.

L’itinéraire, toujours aussi bien indiqué, nous emmène entre cultures de lavande, villages aux maisons à toit plat, mats de Provence… La terre est chaque jour plus sèche et poussiéreuse. Les herbes sont roussies, l’air est sec, le vent s’est calmé… les températures grimpent et nous choisissons nos coins de pic-nic toujours ombragés. Mais comme nous le fait remarquer Luna « on sent la mer qui approche ! ».

Les filles ont le souhait de pédaler jusqu’au camping, ce que nous leur avons promis en imaginant Beaucaire comme une petite bourgade calme, à la circulation légère. Bin ce n’est pas vraiment le cas mais, pour ceux qui connaissent Élise, revenir sur notre promesse serait source de haute trahison alors nous nous engageons sur le pont qui traverse le Rhône pour rejoindre Tarascon tous les quatre en selle (avec un niveau de stress non négligeable pour les deux responsables du groupe). Heureusement, habituées aux règles routières qu’elles révisent avec Justin depuis 2 semaines, elles gèrent la situation comme des championnes. Nous sommes tout de même soulagés de mettre pied à terre devant notre camping.

Cette fois, on est bien au sud : soit les sardines ne tiennent pas dans le sable, soit le sol est trop compact pour les planter et détail réjouissant et non négligeable, la piscine du camping est encore ouverte. Petite baignade, commissions pour le souper (enfin les fameuses faritas réclamées depuis le départ !) et la soirée est déjà bien entamée. Au resto du camping c’est soirée karaoké (enfin on a cru mais il s’est avère que se sont de vrais chanteurs) : au plus grand bonheur des filles qui assistent à une prestation hors du commun tout droit sortie des Bronzés.

On passe un moment à parler avec un couple de cyclotouristes québécois qui ont choisi comme projet de retraite de pédaler du nord au sud de la France (petite pensée à Sophie et François). Ils sont toujours cool ces moments d’échange entre voyageurs, en plus des bons plans donnés, on se sent faire partie d’une grande famille, d’être relié par le choix de ralentir et de d’être au contact du monde vivant dans une certaine vulnérabilité.

Notre réveil a un gout de matin de Noël, plein d’effervescence et de réjouissance. Ce soir, on va voir la mer. Nous remballons notre camp, déjeunons de bonnes tartines au beurre de cacahouètes sur de la baguette française qu’on décline dans toutes ses spécialités (la tradition, la complète, la multicéréales, au levain…) et on se met en route.

Nous suivons automatiquement la ViaRhôna sans se rendre tout de suite compte qu’elle se sépare… Une partie mène à Montpellier et l’autre à Port-Saint-Louis. Nous devons donc d’abord nous rendre è Arles puis, sur le bon conseil de Barbara la navigatrice,  nous avons choisi Saintes-Maries-de-la-Mer comme destination finale. Retour en arrière et on se remet en route dans la bonne direction.

A 10 km d’Arles, va se passer l’accident que nous appréhendions depuis les premiers kilomètres. Pour ceux qui n’ont pas encore rouler avec Justin, sa manière de rouler s’apparente plus à un numéro de cirque qu’à un tour à vélo. Majoritairement sans les mains, à 3cm de la roue du cycliste devant, le regard à 360° degrés mais surtout pas en avant… Les 100 premiers kilomètres, nous l’avons averti, prévenu, on s’est fâché, on a expliqué calmement mais rien à faire alors on a prié les Saints du cyclisme pour qu’il ne lui arrive rien et on lui a fichu la paix. Prière entendue… jusqu’à ce moment improbable où Justin, tout seul, sur une longue piste cyclable droite et bien revêtue, se casse la figure… Lui-même ne saura pas nous expliquer ce qu’il s’est passé. Égratignures, douleurs au pouce et lancinante au poignet droit. Arnica, huiles essentielles et fabrication d’un plâtre en bambou (à faire breveter pour son efficacité !) pour parcourir les kilomètres qui nous séparent du prochain centre hospitalier. Nous y arrivons sans encombre, les urgences ne sont pas encombrées et nous passons rapidement entre les mains d’un médecin à l’humour bien placé qui fait encore rire Justin. L’examen clinique est bon, nous pouvons repartir. Il a une bonne contusion mais rien de casser. Ouf!

Nous reprenons la route, mangeons tardivement à l’ombre d’une haie de thuyas. Nous remettons sur les vélos rapidement, impatient•es d’arriver. Soudain, les derniers reliefs disparaissent, nous venons d’entrer dans le parc régional naturel de Camargue. Peu d’habitations, de grands espaces arides, des rizières avec de temps en temps des taureaux dont seule la tête dépasse… les routes se rétrécissent pour finir en piste terreuse aux nids de poule plus profond les uns que les autres. Cela nous offre une arrivée incroyable avec une impression de toucher le bout du monde. Nous pensons apercevoir une première fois la mer alors qu’en réalité nous suivons l’étang de Vaccarès qui s’étend sur 6’500 hectares. A 4 km de notre but nous retrouvons la route départementale et terminons, à coup de petits cris des filles, notre chemin vers la grande immensité bleue… A l’entrée de Saintes-Maries-de-la-Mer, nous laissons les filles pédaler et arrivons les 4 en deux roues sur la plage, émus et fiers du chemin parcouru.

Pour l’histoire, cette photo a été prise par une promeneuse bienveillante a qui il a fallu 10 minutes pour trouver le bouton déclencheur. Nous sommes déjà heureux d’être tous sur la photo!!